Jouer au golf ou faire de la randonnée

Le chemin qui mène le golfeur vers son graal n’est pas un long fairway tranquille !
L’histoire de ce jeu nous rappelle sans cesse que rien n’est jamais acquis et que chaque jour a ses propres vérités.
Comme le randonneur qui croit partir pour une aimable balade, le golfeur découvre au fil du temps le vice caché de notre sport.
Se promener, c’est vaguer sans vraiment de but et sans chronomètre, à part peut-être celui de l’estomac qui vous rappelle qu’il est midi.
Randonner, par contre, demande un itinéraire bien choisi, un temps estimé et un niveau de difficulté annoncé.
Une préparation, un sac à dos étudié, une casquette vissée et un pas décidé.
Mais la surprise, guette à tous les coins, ce point de vue incroyable ne se mérite qu’au bout de ce sentier vertical, en plein soleil et au sol dérapant.
Golfer reste un plaisir vague qui ne valorise que le bon coup et efface les mauvais d’un putt court bâclé.
Jouer au golf, c’est tout autre.
Un nombre de trous choisi, une formule de jeu expliquée et des adversaires identifiés.
Les clubs sont rangés, nettoyés, le swing préparé, vitaminé.
Et l’histoire ne s’écrit plus au passé ou au futur, c’est ici et maintenant, avec vos slices, vos grattes et vos appréhensions.
Le jouet est cassé, on n’est pas là pour plaisanter.
Chaque rebond a sa part de vérité, d’injustice, de chance.
Pas un obstacle ne vous épargne, ils ont été créés pour vous.
Comme le sol glissant de ce chemin, la hauteur de ces rochers, la raideur de cette marche, votre randonnée golfique doit affronter les pentes de ce green, la courbe de ce dogleg, la gêne de cet arbre centenaire.
Vous avancez, vous suez vous maudissez, sans jamais connaître la fin, avec vos espoirs, vos petits mieux et vos moins bien.
Une pierre qui s’échappe sous votre pied, c’est un 3 putts qui s’annonce, une fin de col qui n’arrive jamais, c’est ce foutu slice qui ne décolle plus de votre driving, un mauvais itinéraire, c’est ce hors limite qui plombe votre carte.
Comme disaient les anciens, une belle balade gâchée par une petite balle blanche.
Et pourtant, vous revenez, chaque week-end, plein de confiance, presque arrogant, aujourd’hui ça ne se passera pas comme ça.
C’est moi qui vais faire la loi.
Avec les nouvelles Salomon aux pieds ou le driver de l’année en main, pas un raidillon, pas un par 4 ne va vous résister.
Pas une glissade, pas un coup de mou, ni le rough, ni les bunkers ne vous gâcheront le moment.
L’entraînement va finir par payer, c’est écrit partout, d’ailleurs mon coach me l’a dit.
C’est à la sueur de ton front que tu vaincras.
La chanson vous la connaissez et le résultat aussi.
L’ascenseur émotionnel, la légèreté et les jambes lourdes, le fol espoir et les pentes douces.
Chaque scénario apportera son écriture, son rythme, ses espoirs et ses peurs.
Parce qu’on les aime nos 5h de marche, pour un fameux point de vue, un sandwich dans l’herbe, la vie au grand air.
On l’aime notre 18 trous dominical, on y a pensé toute la semaine, à coup de sms avec les copains. C’est programmé, cette fois- ci, on ne perd pas son double, les 3 putts
c’est fini, ça va chauffer.
La bière viendra récompenser le cœur meurtri, le corps rincé, et arrivera le temps des commentaires, des bilans, des anecdotes.
Les rires prendront leur place, et la fine équipe refera le match.
Chacun rentrera chez lui, las, mais heureux, le birdie rare, la crampe menaçante, le score déjà oublié comme le plus abrupt des obstacles.
Demain il sera temps de penser très fort au prochain dimanche où j’irai sans aucun doute jouer au golf ….. ou randonner.