Le 19 eme trou
Chacune de nos parties de golf trouve une juste récompense , dès le dernier green quitté, au coin d un comptoir de bar ou au soleil d’une terrasse.
Le verre de l’amitié , le verre comme enjeu , le verre du perdant ou celui plus enjoué du vainqueur , le golfeur inexorablement partage son premier débriefing devant un verre réconfortant.
La boîte de Pandore grande ouverte , les discussions vont bon train , sans reprendre son souffle , ni mettre un peu de nuance dans les propos, le golfeur refait le match , pestant contre les conditions, le matériel et surtout , surtout , contre la chance .
La bière recueille le plus souvent les suffrages, pour son côté pub britannique, authentique sans doute, il paraît même que c’est idéal pour la récupération, c’est le docteur qui nous l’a dit.
Et puis la bière , ça se sert par tournées, impossible de rentrer sans avoir mis la sienne .
Cacahuètes à l appui, le moment de bonheur est intense .
Je connais quelques piliers de bar, qui aiment aussi prolonger l’instant en initiant des parties de 421 ou de belote comptoir .
C est les coutumes d antan, qui résistent au monde du numérique et aux écrans .
On en parle depuis le 15 , la mousse approche, elle est plus facile à visualiser que ce putt en pente .
Elle coule déjà dans les gorges , elle redonne aux golfeurs les plus abattus le sourire amnésique.
Si le divin à touché votre partie, et qu’un trou en 1 s’est invité à la fête , alors les bulles changent de couleur.
Champagne pour tout le monde , c’est la règle ( paraît il), tous les golfeurs présents sur le parcours en même temps que vous ont droit à leur coupette, c est la chance d’une vie quand même .
Même le grand Seve a dû attendre tant d années avant de « dunker » un coup de fer .
A l ‘époque du grand boum du golf en France début 90, on entendait même , que certains assureurs , proposaient l assurance « trou en 1 » pour éviter le désastre des caisses de champagne à ouvrir . Après l extase , la crise financière.
Le 19 trous peut prendre à certains moments un accent plus méditerranéen, la mauresque prend la place de la bière .
Ce petit mélange de pastis/ orgeat avec de l’eau très fraîche , joue au désaltérant dans sa forme « dans un grand verre ». La discussion prendra alors la forme d’un nouveau match entre les fans du Pastis , ceux plus canebiére, du Ricard et enfin les fins spécialistes du seul et unique Casa. L’occasion est trop belle pour prolonger le plaisir, aujourd’hui il fait trop chaud , j’en reprendrais bien un petit .
Un peu plus au nord les terrasses parisiennes se remplissent , vers la mi juin, pour deux mois bien mérité , de soleil .
La partie de golf se prolonge en terrasse , entre amis, toujours la même table , les mêmes amis, d’ailleurs on ne participe à la compétition que si l’on joue ensemble.
Le magnum de rosé est au frais depuis le matin, les verres arrivent par pleines mains.
Le rosé dans le verre , le rose aux joues, les score s sont déjà oubliés, parce que l’essentiel est ailleurs,ici , dans la convivialité, la festivité, de ces précieux rayons de soleil qui imposent le breuvage provençal .
Il convient d être à l heure , sinon les putt du 18 se feront sous le brouhaha décomplexé de la meute déshydratée.
Le son monte, les rires cristallins ont déjà couvert les quelques érudits qui osent encore raconter leur partie.
C est la belle vie , la dolce vita a l’ombre des cerisiers en fleurs.
Enfin arrive le sans alcool, le golfeur anonyme, celui qui s’est juré plus jamais .
Certainement pas d’alcool c est un sport quand même .
Et puis ,hier soir, avec tout ce qu’on a bu….. du pamplemousse ce sont des vitamines, ça va me requinquer.
Le fameux buveur de « Chose » s’oriente vers le désaltérant, l’avouable , le chic.
Le chose c est la boisson du golfeur, comment ? Tu ne connais pas le chose ? Tu ne connais pas « grand chose » (avec des glaçons)
C est le moment de découvrir , ce mélange « hyper sucré « avec cette petite pointe de tension du pamplemousse.
On va devoir apprendre à l’aimer.
Au golf , on met un gant , des pantalons blancs et on boit un chose .
Finalement , peut importe le flacon pourvu qu’on est l’allégresse d’ une parenthèse du temps.
Ce sport qui nous donne tant, autant d espoirs , de folles émotions que de tristesse et d abattement, mérite bien une fois le dernier putt venu , son élixir à partager .
Patron , la même chose s il vous plaît