L’heure des bilans
La fin d’année qui approche , nous rappelle que notre saison touche à sa fin .
Le calendrier des compétitions commence à bien se vider .
C’est la fin pour tout le monde , les pros vont passer une dernière fois à Dubaï, d’autres ont joué au Zozo et, les plus valeureux, gravissent les dernières marches de longues semaines de qualification pour les circuits mondiaux.
Dehors le temps se gâte, le ciel prend son habit triste et déprimant. Le fairway devient glissant , propice aux sorties de route .
Aller au practice, n’a plus de sens , pourquoi se mouiller puisqu’on n’a plus d’objectifs ?
Le paysage n’a rien de vraiment réjouissant, comme une envie de poser les clubs un moment .
Il est temps de prendre place dans son meilleur fauteuil, faire un petit feu et repenser aux belles heures de l’année .
D’abord revenir au jour béni, où vous avez touché le divin, le sublime , le graal , le jour ou le golf vous est apparu simple et juste.
Chaque balle prenant les courbes rêvées, les arrondis délicieux et les profondeurs souhaitées .
Ce score vous en avez parlé pendant des mois , « au fait tu sais pas ? L’autre jour à Vacqueroles j’ai joué 79 …. 5 birdies et encore j’ai fait bogey au 18 »
Si vous l’avez fait , vous pouvez le refaire ; vous essayez depuis cette partie magique , mais il se refuse .
Peu importe, c’était bien vous , avec témoin , vous l’avez joué ce 18 trous, il vous appartient.
C’est bon ça , un souvenir fort , au coin du feu , alors que dehors il pleut et il fait froid .
Pour autant, il ne faudra pas éluder cette crise de socket, vers la fin avril, quand le calendrier de compétition bat son plein . L’enfer du tube , le son atroce de la balle qui confond l’osel avec le centre de la face de club.
Votre main se crispe sur l’accoudoir du fauteuil.
Une trajectoire qui n’en est même pas une , un jet bizarre, rampant, vilain .
Un coup inavouable, qu’on aimerait oublier immédiatement et qui pourtant résonne dans nos mains et nos oreilles bien trop longtemps.
La cause est perdue , la crainte de la socket s’est installée et elle est tenace.
Rien ni fait , plus loin de la balle , plus grand, grip,plus court, chaque backswing me promet l’enfer .
Alors direction mon pro , et sa tête faussement rassurée quand il m’annonce que ce n’est rien et qu’on va y arriver.
Il a, en sa possession, quelques médecines miracles qui vont soigner mon swing.
Effectivement en sortant de la leçon, le problème a l‘air d’avoir fui;
Pourtant , avec son air vicieux et sa musique baroque , il n’est pas loin , j’en suis sûr .
C’est, semi-rassuré, que je quitte le practice en remettant à ma partie du dimanche ma prochaine torture .
Et puis soudain , ça passe , après 3 crises et 5 leçons la crise est finie.
On peut passer à la suite .
Parce que figurez vous que depuis quelques temps , je tremble sur les petits putts .
Le pire avec les petits putts c’est qu’ils reviennent à chaque trou.
Sans se cacher , ils sont juste là , pour clôturer l’histoire…. ou pas .
18 fois le supplice , la gigitte ( ou JJ te pour les initiés), le tremblement surprise, pour monter le putter, le hips sournois dans la traversée, le regard au trou avant d’avoir touché la balle.
J’ai tout lu , regardé tous les tutos, changé de routine , de technique, de grip et bien sur en dernier recours ( grâce à un fitteur) bienveillant, de putter.
Ma peur est partie un moment, puis revenue, pour qu’enfin j’accepte , que ces petits putts faisaient partie du jeu et qu’ils en étaient même un des challenges les plus excitants.
Parce que , là , dans mon salon, tranquillement installé, ma tisane détox à la main , je dois bien me l’avouer !!!!
Le bruit de la balle dans le gobelet , c’est orgasmique .
Quel pied, ce bruit de timbales qui valide tous mes efforts et me donne le sentiment du travail bien fait.
Une sensation comme ça, ça se mérite , allez encore un petit effort .
Nettoyer la balle , l’aligner , soigner ma lecture , placer la face parfaitement et exécuter un mouvement simple et court en privilégiant le centrage de la balle .
Éviter d’être trop curieux….et le coup est joué.
Il est temps de revenir aussi, à cette période radieuse , vers la mi juin , ou mon driving a pris 30 m , des bombes , des,missiles , des fusées.
Je ne reconnaissais plus mon parcours , des fer 7 à la place d un hybrid en second coup , des par 5 presque en 2….
Le bombardier était de sortie.
Le Mac Ilroy du quartier.
Était-ce la chaleur , les fairway grillés , le fait de jouer enfin en simple polo ou le driver tout nouveau offert à mon anniversaire ? Les distances de mes premiers coups s’allongeaient aussi sûrement que les journées infinies de juin.
Ce sentiment d’être fort et puissant , dans ce sport qui si souvent m’humilie, me rabaisse, me contraint.
Cette folie de croire quelques semaines que je peux être plus fort que le,parcours plus fort que le jeu.
Certes quelques balles hors limites me ramènent à la réalité, mais c’est quand même , l’esprit gonflé de testostérone que j’aborde mes parties estivales .
De manière assez mystérieuse, ce super pouvoir c’est effrité, à la mi-septembre quand les pluies ont fait reverdir mes fairway préférés
Et pour finir je m’amuse à relire mes notes , des leçons régulières que j’ai pris avec mon pro .
Tellement drôle de trouver en commentaire, « super leçon aujourd’hui j ai eu un déclic » et quelques semaines plus tard « rien compris , complètement perdu » .
Comme si, on pouvait un jour avoir fixé la magie de ce jeu, enfin percé tous ses mystères.
Des souvenirs et des vérités comme le golf , en terrain miné, mais si désirable .
Des envies et des peurs , des égos sur-vitaminés et des crises indécentes , des grammes de confiance et des tonnes de doute .
Un long chemin semé d’embûches , mais délivrant des petits bonheurs si bons à partager .
Le golf c’est comme la vie , le parcours gagné toujours à la fin mais qu’est ce que la balade vaut le coup.
Allez bientôt le nouvel an , il sera temps de prendre de « vraies » bonnes résolutions.